Maria Forester

Membre régulière de la GRC depuis 20 ans, elle travaille actuellement au Service de l'identité judiciaire à Iqaluit, au Nunavut. Maria s'identifie comme une femme.

En tant qu'agente de la GRC, que diriez-vous aux jeunes fonctionnaires, aux membres réguliers ou aux membres civils qui ont peur de dévoiler leur identité sexuelle?

Je leur conseillerais de ne pas s'inquiéter de ce que les autres pourraient penser ou dire. Ne perdez pas des années à avoir peur de peut-être contrarier les autres. Cela semble cliché, mais il faut faire ce qui nous rend heureux dans la vie, et vous serez probablement surpris du soutien que certaines personnes vous apporteront.

Quand j'ai dévoilé mon orientation à l'une de mes amies, elle m'a dit quelque chose qui m'a marqué : « Si tu sortais avec un homme, te sentirais-tu obligée de me faire le même type de confidence? ». Elle m'a dit d'être moi-même parce que c'est être moi-même qui me rendrais vraiment heureuse. Même si son commentaire était simple, il avait tellement de sens.

Sortir du placard n'est pas facile pour tout le monde et c'est une source indubitable de stress. Je viens d'une famille très nombreuse et j'avais très peur de la réaction de mes proches. Je n'ai pas révélé mon orientation sexuelle avant d'avoir accumulé près de huit ans de service et commencé ma troisième affectation à la GRC. Je connaissais mon identité sexuelle avant de joindre la Division Dépôt, mais je n'étais pas toujours honnête avec moi-même ni avec les autres. Avant d'arriver à la Division Dépôt, j'ai vécu une période de confusion à propos de ma sexualité et j'étais terrifiée à l'idée que les gens me voient d'un autre œil s'ils apprenaient que j'étais lesbienne. Même si j'ai une relation très étroite avec ma mère et mes frères et sœurs, ils m'avaient toujours vu sortir avec des hommes. J'ai déjà été mariée à un homme et je savais que certains membres de ma famille penseraient que j'avais « choisi » d'être homosexuelle, mais que je finirais par préférer de nouveau les hommes. Pendant des années, j'ai été incapable d'en parler à ma famille, à mes amis ou à mes collègues, donc seule ma meilleure amie savait que j'étais lesbienne. J'étais, et serai toujours, extrêmement reconnaissante pour son soutien.

Enfin, quand j'ai été prête, j'ai décidé de l'annoncer à mes proches et de les laisser passer le mot. J'en ai parlé juste avant de partir en Australie pour trois semaines de vacances. Je me suis dit que les personnes qui voudraient encore m'adresser la parole à mon retour seraient celles pour qui mon orientation sexuelle ne change rien. J'étais déjà plus vieille que la plupart des personnes qui font leur sortie du placard, et, avec du recul, je me rends compte que peut-être qu'attendre tout ce temps a facilité les choses. Je n'accordais déjà plus trop d'importance à ce que les gens pensaient ou disaient. J'étais fatiguée de faire ce que je pensais que les autres voulaient que je fasse. J'étais prête à être ouvertement heureuse et à vivre ma vie comme je le voulais. En sortant du placard, vous apprenez qui sont vos vrais amis et vos proches. Et ces personnes chères étaient là quand j'ai épousé ma femme.

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